Maladie éradiquée mondialement selon l’OMS
1979 : la variole n’existe plus à l’état sauvage. Ce verdict, scellé un an plus tard par l’OMS, n’a rien d’une simple formalité administrative. Il s’agit d’un tournant, d’un jalon que beaucoup d’autres maladies n’ont jamais atteint, malgré des décennies d’efforts et d’espoir.
Des campagnes de vaccination massives, un maillage serré de la surveillance et des règles d’isolement appliquées à la lettre : ces leviers ont permis d’obtenir une victoire inédite contre la variole. Cette expérience, souvent citée dans les débats sur la santé mondiale, continue de nourrir les stratégies face aux épidémies actuelles. Pourtant, les défis demeurent, et la route vers d’autres succès similaires reste semée d’embûches.
Plan de l'article
La variole, première maladie éradiquée selon l’OMS : retour sur un succès historique
L’éradication de la variole ne relève pas simplement d’une avancée scientifique : c’est une prouesse qui a bouleversé les ambitions de la santé mondiale. Le 8 mai 1980, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) marque officiellement la fin du virus de la variole humaine, refermant ainsi un chapitre de plusieurs siècles de souffrance. Pour la première fois, une maladie éradiquée mondialement selon l’OMS disparaît à l’état naturel, aucun foyer caché, plus de rebond.
L’histoire démarre avec Edward Jenner, pionnier du vaccin contre la variole dès 1796. Deux cents ans plus tard, l’OMS confie à Donald Henderson la mission de supprimer le virus : détection systématique des malades, cartographie méticuleuse des cas, vaccination ciblée autour de chaque foyer. L’absence de réservoir animal interdit au virus responsable de la variole de s’échapper du radar humain, ce qui finit par stopper, puis briser la chaîne de contagion.
Trois facteurs principaux ont forgé ce résultat mondial :
- Variole : seule maladie infectieuse éradiquée à ce jour (1980)
- Vaccination de masse : levier déterminant
- Absence de réservoir animal : la condition indispensable
Le concept d’éradication, disparition du pathogène partout sur la planète, s’est incarné dans cette victoire. En France, comme ailleurs en Europe, la variole n’existe plus que dans les livres d’histoire, effacée par une vaccination généralisée qui a permis d’éviter un retour de flamme. Ce succès inspire encore la réflexion sur les stratégies d’élimination, la variole restant le mètre étalon des ambitions sanitaires mondiales.
Quels enseignements pour la santé publique mondiale et la lutte contre d’autres maladies infectieuses ?
L’expérience de l’éradication de la variole par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ouvre de nouvelles perspectives sur le potentiel d’une stratégie vaccinale coordonnée à l’échelle mondiale. Ce n’est qu’en conjuguant trois forces rarement réunies, un vaccin performant, l’absence de réservoir animal et une volonté politique constante, que l’exploit devient réalisable. Les acteurs de la santé publique, qu’ils soient à l’échelle internationale ou au sein de l’Institut Pasteur, tirent aujourd’hui des enseignements directs de ce modèle dans la bataille contre d’autres maladies infectieuses.
La trajectoire semée d’embûches de la poliomyélite l’illustre avec force. Depuis 1988, un effort sans relâche a permis d’éliminer le virus sur de vastes territoires. Pourtant, le poliovirus sauvage subsiste toujours en Afghanistan et au Pakistan. La vaccination y reste la clef de voûte, renforcée par une surveillance rigoureuse et une solidarité internationale. Le cap affiché reste celui d’une couverture sanitaire totale, conformément aux grands objectifs portés par l’OMS.
Pour cerner les limites de l’ambition éradicatrice, deux points s’imposent :
- La définition d’élimination diffère de celle d’éradication : elle correspond à l’arrêt de la transmission dans une région donnée, mais laisse planer la menace d’un retour du pathogène.
- Le réservoir animal, comme pour mpox ou la peste, empêche toute disparition globale ; la maladie reste tapie dans la faune, prête à ressurgir.
Face à l’émergence de nouvelles menaces, la France, sous l’impulsion de Santé publique France et de la Haute Autorité de Santé, ajuste ses recommandations pour protéger les plus vulnérables, comme on l’a vu récemment avec le mpox. L’expérience variole souligne un triptyque fondamental : prévention vaccinale, vigilance constante et adaptation rapide aux évolutions des agents pathogènes comme des sociétés.
Défis actuels et avancées récentes : où en est l’éradication des maladies aujourd’hui ?
La variole détient un record qui n’a jamais été égalé : seule maladie infectieuse dont l’éradication planétaire a été officiellement reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis ce jalon, la communauté scientifique fait face à des verrous inédits. La poliomyélite subsiste dans certaines régions d’Asie, malgré des campagnes intensives menées depuis plus de trente ans. Le vaccin reste la réponse de référence, mais la possibilité d’un réservoir animal, révélée avec le mpox (anciennement variole du singe), le paludisme, la peste, interdit toute éradication universelle.
Les zoonoses se multiplient, facilitées par la promiscuité croissante entre humains et animaux sauvages. Mpox, Ebola, virus Nipah, Zika : ces noms s’ajoutent à la liste des pathogènes qui, grâce à leurs relais animaux ou vecteurs, défient tout effort d’éradication. Une nouvelle difficulté pèse aussi : la biologie de synthèse. Créer un virus en laboratoire, c’est déjà le cas pour le poliovirus ou le horsepox, secoue les certitudes et pose de nouveaux défis à l’avenir.
Un exemple suscite malgré tout un certain espoir. La dracunculose (ver de Guinée) a reculé jusqu’à devenir rarissime, avec moins de 30 cas recensés en 2017, grâce à la surveillance renforcée et à l’accès élargi à l’eau saine. Mais l’arrivée du VIH/Sida dans les années 1980 a mis un point d’arrêt à l’optimisme d’une humanité qui pensait s’être affranchie des grandes maladies. Désormais, toute stratégie d’éradication doit intégrer la diversité des agents infectieux, la mobilité humaine et l’impact du bouleversement écologique. La bataille change de terrain, mais elle n’est pas terminée : l’étincelle allumée par la variole continue de montrer la voie, aussi fragile soit-elle.
