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Lien entre changement climatique et alimentation : impacts et interactions

En 2022, la production mondiale de blé a chuté de 3 % par rapport à l’année précédente, en grande partie à cause de conditions climatiques extrêmes. Les rendements agricoles varient désormais d’une saison à l’autre, indépendamment des progrès technologiques ou des engrais utilisés.

Certains pays voient leur autosuffisance alimentaire remise en question, tandis que d’autres adaptent déjà leurs pratiques agricoles à de nouveaux paramètres. Les marchés internationaux ressentent les effets de ces déséquilibres, avec une volatilité accrue des prix des denrées de base.

Changement climatique et sécurité alimentaire : un équilibre menacé

La sécurité alimentaire repose sur un équilibre complexe : il s’agit d’assurer la disponibilité, l’accessibilité, la stabilité et la bonne utilisation des ressources alimentaires. D’après la FAO, cet édifice se fragilise sous la pression des changements climatiques. Températures qui grimpent, pluies imprévisibles, cyclones à répétition : autant de facteurs qui bousculent la production agricole et compromettent la capacité des populations à se nourrir de façon satisfaisante.

Le secteur de la production alimentaire est responsable de 25 à 33 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année. La moitié de ces rejets provient de l’élevage, principalement à travers le méthane. Le GIEC l’a clairement établi : la hausse des températures pèse sur la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays où le PIB par habitant reste bas. Les épisodes extrêmes, comme les cyclones, déstabilisent l’approvisionnement, à l’image de la Dominique, très dépendante des importations.

Voici comment certaines variables climatiques influent concrètement sur l’alimentation :

  • Augmentation de la température : effet négatif à court terme sur la sécurité alimentaire
  • Précipitations accrues : effet positif à court et long terme
  • Événements extrêmes : réduction directe de la sécurité alimentaire

La dépendance aux importations expose certains territoires à une vulnérabilité accrue, amplifiant la volatilité des prix et le risque d’interruptions d’approvisionnement. La pauvreté aggrave l’insécurité alimentaire et fait grimper la malnutrition, conséquences directes des impacts du changement climatique. Selon la Banque mondiale, une hausse du PIB par habitant facilite un peu l’accès à la nourriture, mais ne suffit pas à neutraliser les effets structurels du climat sur la stabilité alimentaire.

Quels impacts concrets sur nos assiettes et sur l’agriculture ?

Chaque étape de la chaîne alimentaire subit les contrecoups du changement climatique. La production agricole se débat avec la hausse des températures, la variabilité des précipitations et la multiplication des événements extrêmes. Résultat : des récoltes imprévisibles, des cultures fragilisées, davantage de ravageurs et de maladies. Les fruits et légumes cultivés dans les zones sensibles voient leur valeur nutritionnelle décliner. Certaines denrées, comme le café ou le cacao, deviennent plus rares sur les étals ou leur prix s’envole.

L’alimentation pèse lourd dans la balance climatique. L’élevage à lui seul représente la moitié des émissions du secteur, en particulier via le méthane. Les produits d’origine animale (viandes rouges, produits laitiers) affichent une empreinte carbone nettement plus élevée que les alternatives végétales (céréales, légumineuses, oléagineux). L’expansion agricole accélère la déforestation, libérant du CO2, et la culture intensive de crevettes détruit les mangroves, pourtant précieuses pour stocker du carbone.

La structuration industrielle du système alimentaire encourage le gaspillage, générant une part significative d’émissions. À la Dominique, la forte importation de produits alimentaires, souvent très caloriques, favorise la hausse de l’obésité. L’élevage intensif libère de l’ammoniac, responsable de la formation de particules PM2.5, connues pour leur impact sur la santé et la mortalité précoce.

Modifier les régimes alimentaires pour intégrer davantage de végétal permet de diminuer les émissions et d’améliorer la santé. Cette transition devient incontournable pour affronter les défis conjoints du climat et de la nutrition.

Jeune homme inspectant un tomate fanée en supermarche

Des pistes d’adaptation et d’innovation pour nourrir demain

Face à la double pression du changement climatique et de la hausse des besoins alimentaires, l’innovation agricole s’impose. L’agroécologie propose des solutions concrètes : favoriser la biodiversité, renforcer la résilience des systèmes, limiter la dépendance aux intrants chimiques et préserver la fertilité des sols. Des approches comme la rotation des cultures, l’agroforesterie ou le maintien d’une couverture végétale améliorent la séquestration du carbone dans la matière organique du sol et stabilisent les récoltes en cas d’aléas climatiques.

Mais les pratiques agricoles durables doivent aller de pair avec un soutien appuyé aux petits exploitants agricoles, particulièrement exposés. Sur l’île de la Dominique, renforcer la résilience passe par la mise en valeur des produits locaux et une meilleure intégration des cultures traditionnelles dans l’économie alimentaire. Ce virage demande un engagement fort des politiques publiques pour soutenir l’innovation, financer la recherche agronomique et garantir l’accès à une alimentation saine pour tous.

Les outils de modélisation, tels que le modèle ARDL ou le modèle NARDL, affinent la compréhension des interactions entre variables climatiques et sécurité alimentaire. Ces analyses offrent aux décideurs des leviers pour anticiper l’impact des évolutions de température ou des variations de précipitations sur la production alimentaire.

Voici trois leviers d’action majeurs pour adapter la production alimentaire et limiter les effets du changement climatique :

  • Agroécologie : augmentation de la résilience et réduction des émissions.
  • Séquestration du carbone : gestion durable des sols comme puits de CO2.
  • Politiques publiques : accessibilité renforcée aux produits locaux et bio.

Face à ces bouleversements, l’alimentation et l’agriculture dessinent déjà de nouveaux horizons. L’enjeu n’est plus de préserver l’ancien équilibre, mais d’inventer des manières de produire et de consommer capables de résister aux tempêtes de demain.