Sclérose en plaques : découvrir les premiers symptômes et signes

Des picotements dans les membres peuvent précéder des troubles de la vision, sans cause apparente ni lien évident entre les symptômes. Dans certains cas, une faiblesse soudaine d’un côté du corps se manifeste, puis disparaît, avant de réapparaître plusieurs semaines plus tard.Les premiers signes restent souvent discrets ou attribués à d’autres affections bénignes. Cette diversité et l’imprévisibilité des manifestations compliquent la reconnaissance et le diagnostic précoce, retardant parfois la prise en charge adaptée.

Sclérose en plaques : comprendre une maladie aux multiples visages

La sclérose en plaques (SEP) marque la première cause de handicap non traumatique chez les jeunes adultes, en France. Environ 120 000 personnes, dont près de 700 enfants, doivent composer avec cette maladie auto-immune chronique qui cible le système nerveux central. Ici, c’est le propre système immunitaire qui se retourne contre l’organisme, s’attaquant à la myéline, cette gaine protectrice des fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière. Résultat : la transmission de l’influx nerveux se dérègle, accumulant des plaques ou lésions dans le système nerveux.

Quant aux origines exactes de la SEP, beaucoup d’éléments restent à éclaircir, mais plusieurs facteurs de risque se conjuguent : en premier lieu, une part génétique avec plus de 200 variations connues, notamment autour du complexe HLA ; côté environnement, le déficit en vitamine D, le tabac, l’obésité et la pollution atmosphérique pèsent dans la balance. Enfin, l’infection par le virus Epstein-Barr s’invite aussi dans les explications évoquées. Les femmes sont bien plus concernées (trois fois plus que les hommes), généralement entre 20 et 40 ans, mais l’âge ou le sexe n’offrent aucune garantie : enfants et hommes peuvent être touchés aussi.

Trois formes évolutives dessinent le paysage de la maladie. La plus fréquente, la forme rémittente, concerne 85% des personnes et alterne poussées et rémissions, avec parfois une disparition complète des symptômes. La forme progressive primaire, moins courante (15 %), s’aggrave de façon continue, sans répit. Une troisième voie s’ouvre lorsque la maladie évolue après des années par poussées : il s’agit de la forme secondaire progressive, qui marque un basculement vers une dégradation lente mais affirmée.

Forme Fréquence Évolution
Rémittente 85 % Poussées / rémissions
Progressive primaire 15 % Aggravation continue
Secondaire progressive Après forme rémittente Progression lente

Aucune vaccination (hépatite B ou HPV) n’est liée à la survenue de la SEP. Les scientifiques examinent aussi de près le rôle du microbiote intestinal ou les anticorps anti-MOG, un axe de recherche prometteur pour d’autres maladies comme la neuromyélite optique.

Quels sont les premiers symptômes à surveiller ?

Les premiers signes de la sclérose en plaques prennent des formes très diverses, ce qui rend le démarrage de la maladie difficile à cerner. Qu’ils soient subtils ou francs, ces symptômes reflètent l’attaque du système nerveux central et varient en fonction de la localisation des plaques de démyélinisation.

Parmi les manifestations les plus fréquemment observées au début, on retrouve :

  • Troubles sensitifs : fourmillements, engourdissements, picotements ou sensations de charges électriques dans les membres, parfois sur le visage. Ces troubles, bien souvent d’un seul côté, poussent les personnes à demander un avis médical.
  • Troubles moteurs : faiblesse musculaire, rigidité, maladresse d’un bras ou d’une jambe, difficultés dans la précision de certains gestes. La marche peut devenir hésitante, une chute survenir sans crier gare, un mouvement se compliquer brusquement.
  • Troubles visuels : vision floue partielle, perte de netteté sur un œil, douleurs aux mouvements oculaires, ou vision double. La névrite optique (inflammation du nerf optique) fait figure de signe d’appel chez l’adulte jeune.

La fatigue profonde frappe également très tôt, souvent sans lien avec l’activité physique. D’autres signaux sont possibles : gêne à uriner ou besoin pressant, problèmes d’équilibre, vertiges, difficultés pour se concentrer ou mémoriser. Parfois, la SEP débute par une douleur inhabituelle, une moindre sensibilité au chaud et au froid, ou des troubles de la parole.

L’aspect imprévisible de ces troubles brouille la piste du diagnostic. Chez certains, ils arrivent en douceur, chez d’autres brutalement, typiquement lors d’une poussée. Vigilance renforcée pour les jeunes adultes, et davantage encore pour les femmes, qui restent les premières concernées.

Du doute au diagnostic : comment s’établit le parcours médical

Lorsque des symptômes inquiétants surgissent, une succession d’étapes s’engage. Après le médecin généraliste, l’orientation vers un neurologue permet d’entreprendre un bilan clinique détaillé, à la recherche de troubles moteurs, sensitifs, visuels ou cognitifs qui trahissent une atteinte du système nerveux central.

La preuve se construit principalement autour d’une IRM (imagerie par résonance magnétique), apte à repérer les fameuses plaques de démyélinisation éparpillées dans le cerveau et la moelle épinière. Leur nombre, leur emplacement et leur évolution dans le temps livrent de précieuses indications, permettant de vérifier leur dissémination spatiale et temporelle, pivot du diagnostic. Une ponction lombaire complète souvent l’enquête, en recherchant des marqueurs d’inflammation dans le liquide céphalo-rachidien et la présence de bandes oligoclonales typiques de la maladie.

Parfois, la démarche s’étire dans le temps, mobilisant des professionnels aguerris. En France, certains centres spécialisés coordonnent et fiabilisent la prise en charge. Des réseaux entièrement dédiés soutiennent la recherche, la coordination des soins et accélèrent l’accès à des spécialistes, pour ne pas laisser le doute s’installer trop longtemps.

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Mieux vivre avec la sclérose en plaques : l’importance de l’information et du soutien

Vivre avec une sclérose en plaques suppose de trouver sur sa route des informations solides et un véritable relais. Les traitements de fond, qu’il s’agisse des immunomodulateurs comme les interférons bêta, de l’acétate de glatiramère, ou des immunosuppresseurs tels que le fingolimod ou l’ocrelizumab, freinent l’évolution, mais n’effacent pas la maladie. Lors d’une poussée, les corticoïdes permettent souvent d’atténuer les symptômes. Une prise en charge globale articule soins médicamenteux et rééducation pour préserver au mieux autonomie et qualité de vie.

Ce suivi suppose un travail d’équipe : neurologues, kinésithérapeutes, orthophonistes, ergothérapeutes, médecins de rééducation unissent leurs forces autour du patient. Les centres spécialisés déploient des programmes de rééducation adaptés pour combattre spasticité, faiblesse musculaire ou troubles de la marche. D’autres traitements, adaptés à chaque cas (antalgiques, antispastiques, antidépresseurs), peuvent être proposés selon la nature des difficultés.

L’éducation thérapeutique s’impose comme un pilier : comprendre la maladie, appréhender les traitements et leurs effets permet d’anticiper les complications, de participer activement aux choix de soins et d’être moins vulnérable aux imprévus. Les associations de patients et les réseaux de soins facilitent le partage d’informations, le soutien moral et l’accès à des ressources fiables. Cette dynamique d’entraide rompt l’isolement et renforce la capacité à traverser ensemble les aléas de la SEP.

La progression de la SEP ne suit jamais une trajectoire uniforme. Pourtant, chaque pas gagné, chaque avancée, chaque échange trace la voie d’une force collective : celle de tenir debout, de rester acteur de son parcours, et de défier les incertitudes jour après jour.

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