Malassezia : caractéristiques et manifestations cutanées de ce champignon

Des levures lipophiles font partie du microbiote cutané normal, mais certaines espèces provoquent des déséquilibres notables. Les variations d’humidité, de sébum ou d’immunité peuvent favoriser leur prolifération.

Les manifestations associées à leur présence sont souvent confondues avec d’autres affections dermatologiques. Un diagnostic précis repose sur la reconnaissance de signes cliniques spécifiques et la confirmation par des examens complémentaires.

Malassezia : un champignon naturellement présent sur la peau

On ne la voit pas, on l’oublie presque, et pourtant Malassezia vit sur notre peau comme sur celle des animaux, discrète mais omniprésente. Cette levure lipophile prospère là où le sébum coule à flot : cuir chevelu, visage, haut du torse. Malassezia furfur reste la plus scrutée des espèces, fascinante par sa double vie : partenaire silencieuse du microbiote ou, parfois, source de mycoses cutanées si l’équilibre se rompt.

Contrairement aux dermatophytes, qui s’invitent par contamination, Malassezia s’emballe surtout lorsque le terrain devient favorable : excès de sébum, transpiration, barrière cutanée fragilisée. Le mode de vie, l’environnement quotidien, la routine cosmétique, chaque détail compte dans la régulation de cette levure.

La plupart du temps, Malassezia ne laisse aucune trace. Mais si les circonstances s’y prêtent, elle peut déclencher :

  • des mycoses cutanées comme le pityriasis versicolor, qui se manifeste par des zones dépigmentées ou au contraire plus foncées que la peau avoisinante,
  • une dermite séborrhéique faite de plaques rouges et squameuses, souvent grasses et parfois irritantes.

Être colonisé par Malassezia ne signifie pas forcément tomber malade. Le fragile équilibre entre la flore de la peau et le système immunitaire décide du sort. Un patient immunodéprimé, ou atteint d’une maladie chronique, verra nettement augmenter le risque de désordre et d’infection.

Pourquoi le pityriasis versicolor apparaît-il chez certaines personnes ?

Certains développent un pityriasis versicolor alors que d’autres y échappent. La prolifération de Malassezia ne frappe pas au hasard : il existe des profils plus exposés.

Un terrain séborrhéique, fréquent chez l’adolescent et le jeune adulte, attire la levure. Les climats chauds et humides lui offrent un environnement rêvé. L’incidence grimpe l’été ou dans les régions tropicales. Les sportifs, les personnes à la sudation abondante ou à l’immunité affaiblie sont les premiers concernés.

Certaines habitudes renforcent le risque : vêtements synthétiques peu aérés, cosmétiques riches qui étouffent la peau, antécédents familiaux de la maladie. On soupçonne même une prédisposition génétique. Quand la levure bascule de sa forme inoffensive à sa forme pathogène, elle modifie sa structure et libère des acides gras libres parfois irritants pour l’épiderme.

Voici les principaux facteurs impliqués :

  • séborrhée,
  • chaleur et humidité,
  • vêtements synthétiques,
  • cosmétiques occlusifs,
  • immunodépression.

Le pityriasis versicolor n’a donc rien d’une fatalité universelle. C’est la combinaison de plusieurs éléments qui provoque la maladie, jamais la simple présence de Malassezia sur la peau.

Reconnaître les manifestations cutanées liées à Malassezia

Chez l’adulte jeune, les signes de Malassezia sont assez typiques pour guider le diagnostic. Le pityriasis versicolor est en tête : il se manifeste par l’apparition de taches multiples, bien dessinées, souvent sur le torse, les épaules, parfois le cou. Chez l’enfant elles touchent plus volontiers le visage.

L’apparence des taches varie selon la couleur de peau :

  • Sur une peau claire, elles se teintent de brun, avec une légère desquamation.
  • Sur une peau bronzée ou mate, l’éclaircissement domine et la dépigmentation saute aux yeux.

Cette alternance de zones pigmentées et dépigmentées dessine parfois une véritable carte, et les patients notent souvent que certaines zones ne bronzent plus, phénomène très visible au retour des beaux jours. Un grattage doux fait parfois apparaître une fine desquamation.

Le cuir chevelu n’est pas épargné. La dermite séborrhéique y provoque des plaques rouges, squameuses, prurigineuses, localisées près des ailes du nez, des sourcils, des oreilles ou sur le crâne. Chez le nourrisson, on parle alors de croûtes de lait.

L’examen clinique révèle ces lésions singulières. Les dermatologues utilisent aussi la lumière de la lampe de Wood pour déceler une fluorescence jaune-vert, ou prélèvent des squames pour une analyse mycologique, ce qui permet d’identifier la signature de Malassezia.

Jeune homme regardant ses patches cutanés dans un parc ensoleille

Quand et pourquoi consulter un professionnel de santé pour un diagnostic fiable

Face à des taches qui ne disparaissent pas, qui persistent ou s’étendent, il vaut mieux consulter un médecin. Se fier à l’auto-diagnostic peut conduire à ignorer d’autres maladies cutanées comme le vitiligo, le psoriasis ou certaines infections. Un dermatologue saura faire la différence, en s’aidant si besoin d’une lampe de Wood ou d’un examen mycologique.

Il est recommandé de demander un avis médical dans les situations suivantes :

  • si les lésions persistent en dépit de mesures d’hygiène adaptées,
  • si les taches gagnent du terrain ou apparaissent sur des zones inhabituelles,
  • si une gêne esthétique ou un inconfort cutané s’installe.

Le diagnostic du pityriasis versicolor peut s’appuyer sur des méthodes simples, accessibles lors d’une consultation. Seules une confirmation et une prescription adaptée justifient l’usage d’antifongiques comme le kétoconazole, le sulfure de sélénium, l’itraconazole ou le fluconazole. L’automédication expose à des récidives et à des réactions cutanées, surtout sur les peaux sensibles.

Le traitement s’accompagne de conseils individualisés sur l’hygiène : privilégier un syndet ou un savon doux, éviter la transpiration excessive ou l’humidité prolongée. Pour limiter les récidives, fréquentes chez les sujets à risque, il faut combiner ces mesures, utiliser une crème solaire adaptée et, parfois, suivre des traitements intermittents sous surveillance médicale.

Quand la peau reprend le dessus et que l’équilibre se rétablit, la trace de Malassezia s’estompe. Mais la vigilance reste de mise : le microbiote cutané, lui, ne dort jamais vraiment.

L'actu en direct